Quelqu’un de grand, s’il en est, son visage n’exprime plus d’émotions positives. Il bouge avec aisance, et l’assurance de quelqu’un qui connaît chacune des parties de son corps, chaque millimètre carré, car milles aiguilles de douleur s’y sont plantées chaque jour à une période où les rires devraient emplir sa vie. On peut aussi dire que souvent, des nuages voilent ses yeux gris qui prennent un air cruel quand il laisse ses émotions déferler en lui. Il laisse ses cheveux gris aussi, mi-longs, à leur état le plus sauvage, choisissant de ne jamais les coiffer mais simplement de les ramener en une mèche entre ses deux yeux, pour éviter qu’ils ne le gêne. Ses sourires se résument à relèvement d’un millimètre des commissures de ses lèvres, mais ils ne dégagent rien de positif, surtout un air de franc sadisme. Il a toujours l’air dangereux, c’est très surement vrai pour la plupart des personnes sur cette Terre. A-t-il l’air de ce qu’il est vraiment ? Montre-t-il la violence ainsi que la tristesse qui l’habite, non, juste cette cruauté. Il montre juste de la cruauté, exhalée par tous les pores de sa peau … Cette cruauté qui fait qu’on change de trottoir à son approche, cette cruauté qui engendre les murmures sur son passage … On le traite d’assassin, c’est ce qu’il est. Est-il beau ? Oui. Beau et terrible, tel un rêve inaccessible, car banni du monde des émotions et des sentiments, enfermé dans la tour d’ivoire que contient son cœur, érigée en la mémoire d’une petite fille …

Il porte toujours cette veste noire avec des reliures blanches, comme un uniforme, ainsi que cette chemise blanche et cette cravate rouge. Et ce sempiternel pantalon noir tel les plumes d’un corbeau à son envol, tenu par une ceinture simple en cuir brun. Le costume noir lui va bien, normal pour ce qu’il aurait du être, pour ce qu’il aurait du représenter. Il s’accommode aussi d’une tenue décontractée quand il le faut, pouvant passer pour tout jeune de son âge, mais il n’est pas tout jeune de son âge …

Difficile de croire que cet être au cœur glacé puisse un jour avoir été bon vivant … C’était un gamin normal, vouant une admiration sans borne à son père … Ais-je oublié de préciser que son père était le parrain de la plus grande famille mafieuse nord-américaine ? Il vécut une enfance triste, enfermé dans la cage dorée du manoir, emmuré dans la solitude et l’ennui. Bien sûr, il suivait des cours, il apprenait ce qui était nécessaire pour devenir parrain … Savoir se battre, connaître la stratégie, savoir gérer des hommes et des capitaux … etc.

Il découvrit son pouvoir avec stupeur, c’était au dojo, il apprenait à maitriser les armes qu’on lui avait assigné, le sabre. Son professeur était cruel avec lui, en fait, il était jaloux, il enchainait des attaques que le jeune garçon ne pouvait contrer. Voyant arriver un coup qui lui ferait particulièrement mal, il leva les mains pour se protéger en un geste dérisoire de défense. Si seulement l’arme du professeur était plus courte, si seulement. Et quand elle frôla ses mains, l’arme se mit à rétrécir. Le professeur le regarda les yeux ébahis, et le jeune homme, épuisé, fila. Ce professeur le regarda avec respect à compter de ce jour. Il apprit à dompter ce pouvoir, le comprit, et voulut familiariser un objet avec, il prit donc le premier objet lui passant sous la main, son sabre en l’occurrence. Il y insuffla ce pouvoir sans lui faire subir de transformation. Il faillit mourir ce jour la.

Croyant que son expérience était un échec, il prit le sabre. Quelle ne fut pas sa surprise quand il se transforma sans lui prendre d’énergie. Le temps continua son cours, et sa vie resta monotone. Jusqu’au jour où il la connut. Il avait alors 13 ans. Elle était sa cousine. Quand elle arriva, il était sur son 31, prêt à la recevoir. Il découvrit alors une gamine de 8 ans, qui rigola de son air sérieux.

Le rire d’un enfant contient plus de sagesse que le regard d’un philosophe …

Cette petite fille devint vite son amie, puis son trésor, elle brisa sa solitude, et il lui en fut infiniment reconnaissant. Il était incapable de lui résister, et se pliait en riant à tous ces caprices. Oui. Elle le fit rire, peut-être les seuls rires de sa vie. Les années heureuses suivirent, ils grandirent, renforçant leur lien, elle resta au manoir, sa famille ayant des problèmes et ne voulant pas la mettre en danger. Ils avaient tous deux grandis de 3 ans quand le changement eut lieu.
Il commençait à être au courant de la politique de sa « famille ». Honnêtement, elle allait mal. Une attaque était à prévoir d’une autre grande famille. Les deux jeunes gens se connaissant si bien furent séparés, elle fut mise « à l’arrière » et lui « à l’avant ». Mais l’attaque n’eut pas lieu au lieu prévu, et c’est l’arrière qui fut attaqué. Peter se dépêcha, abandonnant ses hommes, se précipitant au manoir. A son arrivée, un cri déchirant, un seul. Un cri qui l’emplit de haine. Il devait il y avoir 50 hommes dans le manoir, aucun ne survécut. A la fin, traumatisé, ses jambes lâchèrent.

Mais sa vie n’était pas finie, et elle reprit, à nouveau dans la solitude, et sans émotion. A ses 19 ans, il dut succéder à son père, la cérémonie avait lieu en Italie, berceau de la Mafia. Il s’y rendit en avion. Le vol faillit être annulé, mais l’enjeu était trop grand et il fit « pression » pour que le vol ait lieu. Un éclair frappa l’avion. Il fut déséquilibré, les portes s’ouvrirent, tout le monde tomba. Il eut le réflexe de transformer son manteau en parachute. Il vola quelques temps, et atterrit sur cette île. Stoneheart.