Petite disccussion psychologique
Ma première impression ? C'est impressionant ! Un grand bâtiment, plutôt moderne, pas un immeuble, non, ca ressemble vraiment a une entreprise. En entrant par la porte vitrée, on peut voir un grand hall, avec des portes aux murs sur les côtés, et en face, un demi-cercle en bois, derrière lequel est postée une plutôt jolie secrétaire ... Je pense que c'est à elle qu'il faut que je m'adresse. Je m'avance donc, sur le tapis en moquette au sol, vers l'accueil .
"Bonjour. Savez-vous où puis-je trouver Ciel Kieran ?"
"Troisième porte à droite dans le second couloir à gauche."
Wahou ! Carrément flippant ! Cette fille est plus froide qu'une pierre tombale et au moins aussi inexpressive. Brrrr.
"Vous savez, je suis nouveau, et après mon entretien, j'aurais besoin de quelqu'un pour me faire visiter ..."
"Vous avez vu quelqu'un avec le badge "Guide" ici ?"
Ok .... Réssayons, c'est pas possible de refuser de montrer les locaux a quelqu'un quand on veut attirer des gens au QG non ? Si ?
"Non, mais je me disais que vous pourriez le faire, vous avez l'air d'être ici depuis longtemps."
"On peut s'arranger, vous allez voir le patron c'est ca ? Apportez moi quelque chose lui appartenant et on verra."
Quoi ?! Cette fille en pince pour Ciel ? Intéressant. Et exaspérant. Et ce changement total d'attitude... Très intéressant. Ciel, tu as un charme que je ne te croyais pas avoir. Il faudra voir avec les autres femmes qui travaillent ici si cet effet d'amour pour toi se généralise .... Mais bon, revenons à nos affaires ... Elle m'énerve !
"Il est ridicule d'avoir besoin d'un objet de lui pour décharger l'amour que ton inconscient a pour lui et qui est rejeté, par ta conscience, par conséquent, je ne peux pas faire ca, autant par respect pour Ciel que pour vous."
Franchement, c'est le genre de choses qu'il faut doucher dès que ca apparait ! Tiens, le bloc de glace du visage de la jeune femme se brise, elle a un air furieux, crierait elle sur un client de son patron, la voila en proie a un dilemne, elle ou son amour ? Question insoluble qu'il lui faudra résoudre dans les plus brefs délai, sous peine de perte de sa santé mentale. Un rire monte irrémediablement dans ma gorge, effet de l'effet produit sur la secrétaire inexpressive, toujours tiraillée entre les deux opportunités qui s'offrent a elle ... Ca y est, ca sort, ajoutant encore plus au malaise de la jeune femme dont le visage vire au cramoisi. Ce n'est pas de la méchanceté, un jour elle s'en rendra compte, je suis en train de l'aider consciemment a faire son choix entre elle et Ciel. Choix difficile si il en est. Le choix entre l'amour et la vie. Car il est certain que si elle choisit le "camp de Ciel", elle se tuera à la tâche dans l'espoir qu'il la remarque, chose impossible à l'heure actuelle, du à l'égoïsme et à la santé mentale de l'homme en question, et au fait qu'il la voit comme un pion de sa partie d'échec. Elle va alors penser à faire quelque chose de grandiose, au nom de "leur amour", et il la considérera comme une gêneuse, car Ciel est moins atteint par le fait de faire un acte pour se montrer que par les actes chargés de symboles de ce qu'il n'a jamais eu. Je pense que je vais l'aider, elle en aura besoin, et je n'ais pas envie d'avoir un suicide mental ou physique sur les bras.
"Vous n'éprouvez pas d'amour pour lui, juste une simple attirance car il correspond à un de vos fantasmes, si vous l'aimiez, vous n'auriez pas eu besoin d'un entremetteur, vous auriez fait de votre mieux pour lui rendre la vie plus simple, améliorant au passage votre vie, du fait de l'apprentissage physique et moral que vous auriez subi. Cherchez le vrai amour, si il existe, et quand vous l'aurez trouvé, dites le moi, je serais alors au courant qu'il existe."
Le visage étonné qu'elle affiche ne m'étonne pas plus que ca, je m'y attendais, elle n'a rien compris à ce que je lui ai dis, au moins ne lui ais-je pas parlé de son Surmoi, de son Moi et de son Ca, elle a déja l'air de comprendre autant que si je lui avais parlé en Polonais. Et je tiens là la preuve qu'un habitant de banlieue peut-être fin psychologue, tout ca en volant des livres a la bibliothèque. Poursuivi pour avoir voulu apprendre, puni d'étudier. Un paradoxe quand on sait que la plupart des enfants ne souhaitent pas le faire, marque encore une fois de ma différence avec les autres, seul Ciel a su me parler comme je me parlerais à moi-même, et je lui en suis infiniement reconnaissant. Enfin, retour à notre histoire. J'en suis là de mes réflexions quand la jeune femme me pose une question. Quoi encore ?
"Que s'est-il passé d'assez triste dans votre vie pour que vous soyez comme ca ?"
Je suis désarconné, franchement, je ne m'attendais pas à ca, elle est au-dessus de la moyenne. Elle a tout de suite compris que je n'étais pas cruel, mais que je ne savais pas m'exprimer autrement qu'en blessant, élevé dans la souffrance, je me suis hissé jusqu'ici en faisant souffrir, que ce soit de mes mots ou de mes poings, j'ais toujours du blesser, si bien que maintenant, je ne sais plus être sociable, comme les autres. Je crois que cela fait longtemps que je le sais, mais que c'est maintenant que je le réalise, et je réaprends un mot, le mot que jamais au cours de ces vingt dernières années je n'ai prononcé.
"Désolé"
Dieu me pardonne, je ne change pas, je reste toujours aussi maladroit avec les mots gentils, si on m'accordait un voeu, que ferais-je ? Je le sais déja ... Il ne serait pour moi, inderectement, je serais toujours aussi égoïste, je ne suis pas un de ces héros que l'on trouve dans les livres, je suis un homme que l'humanité a brisé, et je sais pourquoi je suis venu, pour me venger des hommes, ils m'ont tout pris, tout arrachés, même mon désir d'être humain, je ne peux rien dire de plus, je ne peux que m'en aller, alors je le fais, et je quitte cet endroit, sans un regard derrière moi. Homme de l'Ombre, c'est ce que je suis devenu.